Anniversaire des 150 ans de la ligne Bruxelles-Luxembourg
Le 6 septembre 2004 à La Hulpe

La locomotive 29013, type 29, ressortie le 6 septembre 2004, a tiré le dernier train à vapeur circulant officiellement le 20 décembre 1966.

Au début des années 1830, le tout jeune Etat belge se lance dans l'aventure du chemin de fer. Le 1er mai 1835, la première ligne belge entre Bruxelles et Malines est inaugurée par le roi Léopold Ier.

A la recherche de capitaux pour financer le développement de son réseau ferroviaire, l'Etat confie, à partir de 1845, la construction et l'exploitation de lignes à des concessions privées.

En 1846, c'est donc la « Grande Compagnie du Luxembourg » qui s'engage à établir et exploiter une ligne reliant Bruxelles (gare du Quartier-Léopold, actuellement gare du Luxembourg) à la frontière grand-ducale, en passant par Wavre, Gembloux, Namur, Ciney et Arlon. Wavre sera abandonnée au profit d'Ottignies (voir ci-dessous).

Cette compagnie privée est aux mains d'hommes d'affaires britanniques qui envisagent de réaliser une liaison rapide entre l'Angleterre et les Indes, avec un premier maillon ferré entre Ostende et Trieste.

Les travaux commencent en 1847. Le 23 août 1854, le premier tronçon de la ligne est terminé, et la section Bruxelles-La Hulpe est inaugurée. Le convoi inaugural se compose de six berlines remorquées par une locomotive vapeur de 60 chevaux, la « Duchesse de Brabant ». Elle mit 25 minutes pour parcourir les 15 kilomètres de ce tronçon.

150 ans plus tard, la SNCB, associée à la commune de La Hulpe, a donc remis le couvert, puisque le point d'orgue des festivités était constitué par la mise sur pied de parcours vapeur le dimanche 5 septembre.

Pour l'occasion, la locomotive de type 29, récemment restaurée, et la locomotive diesel type 54, « gros nez », encadraient cinq voitures GCI à bord desquelles les amateurs pouvaient voyager.

Associés à l'événement, diverses activités furent organisées autour de la gare: exposition de maquettes de trains, documents sur l'histoire de la ligne ferroviaire, souvenirs philatéliques

Ottignies préféré à Wavre

A événement exceptionnel, livre exceptionnel. Dans le cadre du 150e anniversaire de l'arrivée du train à La Hulpe, le Cercle d'histoire a publié un livre de 210 pages au lieu d'une petite brochure.

Composé de neuf chapitres, cet ouvrage explore tous les aspects de cet événement : historiques, écologiques, urbanistiques, économiques, techniques, artistiques, de la création du tracé au projet du RER.

L'occasion d'apprendre entre autres un élément intéressant concernant le tracé de la voirie reliant Bruxelles au Luxembourg. Le Cercle d'histoire relate ainsi la controverse qui opposa Wavre à Ottignies.

Si le tracé initial prévoyait de passer par Wavre, il n'en fut finalement rien. Pourquoi ? Des arguments économiques sont avancés. Les difficultés financières de la Grande Compagnie du Luxembourg, chargée de la construction de la ligne, ont convaincu les parlementaires de modifier le trajet pour passer par Ottignies. Un tracé plus court et beaucoup moins accidenté.

Mais, selon Jacques Stasser, président du Cercle, il semble que, déjà en 1848, la compagnie avait envisagé de passer par Ottignies dans le seul but de concurrencer le chemin de fer de l'Etat, dont la ligne Charleroi-Bruxelles, deux villes qui pouvaient ainsi être aussi reliées par la ligne du Luxembourg.

Le conseil de Wavre eut beau multiplier les démarches auprès des autorités, sans succès. Le conseil provincial proposa même de créer un embranchement reliant directement Wavre à La Hulpe. Si cela s'était produit, la gare de La Hulpe aurait représenté un petit noeud ferroviaire.

Des péripéties et manoeuvres politico-financières qui expliquent pourquoi, malgré un chantier amorcé en 1846, les voies n'atteindront la gare de La Hulpe qu'en 1854. Soit deux fois plus de temps que pour relier La Hulpe à Arlon !