Le chemin de fer du Vivarais

Cette ligne entièrement privée est une partie de l'ancien réseau des Chemins de Fer départementaux construit de 1886 à 1891 dans I'Ardèche et la Haute Loire.

Fermée en 1968, elle fut remise en service en 1969 par la Société des Chemins de Fer Touristiques et de Montagne (C.F.T.M.), issue d'un groupe d'amateurs ferroviaires.

Tournon, départ du C.F.V., fut créée par les Romains. Son château élevé en 1332, vit mourir le fils de François ler. Ici Marc Seguin, inventeur de la chaudière tubulaire construisit le premier pont suspendu du monde (hélas disparu !).

Dès le départ la voie C.F.V. s'imbrique dans la voie S.N.C.F Lyon-Nimes grâce à un 3ème rail. Des aiguillages spéciaux et le block automatique assurent la sécurité des trains des deux entreprises.

On traverse un tunnel sous Tournon, puis un pont métallique sur le Doux, rivière que l'on suivra jusqu'à Lamastre. A St. Jean de Muzols, la voie se sépare de celle de la S.N.C.F. Ce village fut fondé par des marchands Phrygiens avant la conquête Romaine. On roule parmi les vergers et les vignobles (vin de St Joseph, Côtes du Rhône rouge et blanc) et le long de plusieurs campings.

A Douce-Plage la voie surplombe le Doux et on croise un beau pont de pierre qui fut, à sa construction en 1583, le plus grand du monde (arche de 51 m). La montée commence. A gauche apparaît un barrage dont la pile centrale est basée sur les maçonneries d'un pont romain.

Après la halte de Troye, le train franchit le Doux par un grand viaduc en courbe et s'engage dans la gorge de Mordane (où même les ânes mouraient en tentant d'y passer). La voie monte en pente de 22 mm par mètre à flanc du ravin. Cette zone abrita pendant la guerre de nombreux maquisards.

L'usine hydroélectrique occupe le fond de la gorge. Elle est télécommandée mais auparavant les enfants des gardiens devaient aller à l'école par une petite draisine sur rails spécialement prévue. Cette usine n'est desservie que par le train ou par hélicoptère.

On traverse le tunnel de Mordane puis on suit sur la rive opposée le canal des Allemands, construit en 1916 par les prisonniers de guerre. Après le barrage de Clausel la gorge se resserre, aux Etroits. Le train s'arrête selon les jours, soit à Colombier-le-Vieux St Bartelemy-le-Plain, soit à Boucieu-le-Roi, pour reprendre 3.000 litres d'eau et les voyageurs peuvent se rafraîchir, mais avec des breuvages plus diversifiés.

Boucieu-le-Roi, ancien baillage du Vivarais doit son nom à la visite de Philippe-le-Bel en 1294. Un ancien couvent domine la gare. Il est maintenant voué à l'éducation des enfants. Un chemin de croix du XVIIIe siècle monte du Doux vers la montagne.

Plus loin le château de Chazotte, témoin des guerres de religion domine la ligne. Juste avant le viaduc du Banchet, la Pierre Qui Vire. La légende dit qu'elle tourne une fois tous les cent ans ! Ensuite on voit sur le versant opposé à la voie une magnanerie désaffectée.

On franchit la route de St Félicien au Plat Empurany puis on traverse le 45ème parallèle (panneau à droite de la voie). C'est aussi la limite des patois du Nord et du Midi, des terres catholiques et protestantes, de la cuisine au beurre et de la cuisine à l'huile. On est ici à mi-distance de l'Equateur et du Pôle Nord.

A la halte de Monteil, François Truffaut tourna "Les deux Anglaises et le Continent". Le train longe maintenant la ferme du pendu, puis rejoint la route venant de Tournon.

Enfin on arrive à Lamastre où un orgue limonaire accueille les voyageurs dans la salle d'attente (vous pouvez l'actionner vous-même en demandant au préposé).


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